Suite des bords de Guye : du château de Chassignolles au moulin de Besseuil

Si vous souhaitez revenir au début de la visite des bords de Guye, cliquez : le gué d’Aynard

Le château de Chassignolles

Chassignolles (ou Chassignole, Chassignoles) est désigné, au XIème siècle, époque où St Hugues est abbé de Cluny, sous l’appellation villa Cassenolis, terra Cassinola, ou Cassaniola, «la Petite-Chênaie», puis Chassenoles au XIIIème.
Du XIIIème au XVIIIème siècle, différents  seigneurs s’y succèdent, appartenant aux familles Hongre, de Glorienne, Petit, Ducret, de Belle-Perche, de la Porte.
A partir de la fin du XVIIème siècle, le château reste une possession seigneuriale, mais il est abandonné, pratiquement en ruine, les appartements sans portes, les planchers et escaliers pourris, certaines fenêtres sans vitres. Même la Garenne (un ancien hameau qui a disparu depuis) et les vignes sont en mauvais état.
Toutefois, les seigneurs continuent à percevoir la dîme de l’église d’Aynard, ainsi que les revenus des terres qui restaient.
En 1807, le domaine de Chassignolles est racheté par les Bonnardel, qui rénovent l’ancien manoir, rachètent des terres pour reconstituer le domaine, et lui adjoignent le moulin de Besseuil. Voici un plan du château à cette époque, selon le cadastre ‘Napoléon’ de 1823 :
Chassignolles 1823
Puis, en 1872, la famille Perras achète le château à la famille Bonnardel, qui le vend pour financer la construction de la nouvelle église de Bonnay. M Perras restaure le château dans l’esprit de Viollet-le-Duc, et fait également construire la chapelle à l’entrée.
Aujourd’hui, le château est une propriété privée.

Cartes postales anciennes :
chassignoles    chassignoles 2

Photo aériennes de 2007 (photos Bruno Garrigue) -cliquez voir voir les détails –

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Quelques faits et anecdotes concernant le château de Chassignolles :

  • au XIVème siècle, pendant les guerres de religions, les Petit, seigneurs de Chassignoles, étaient calvinistes; certains se sont réfugiés en Suisse, à Berne, d’autres furent emprisonnés.
  • le testament d’un Belle-Perche, en 1599, fait état de 3 granges, un moulin à Aynard , l’étang de Chassignolles, et  un domaine à Confrançon
  • traditionnellement, les seigneurs de Chassignoles étaient enterrés dans un caveau à Aynard
  • une légende concernant la marquise de Belle Perche est à la page ‘légendes et traditions’
  • une chapelle privée existait dans la cour du château,- la chapelle actuelle près du portail ayant été érigée bien plus tard -, comme en témoigne la visite pastorale de 1746 :
    visites pastorales 1746 -extrait Chassignolles
  • La famille Bonnardel, propriétaire du château à partir de 1807  :
    – François-Louis Bonnardel a fait construire l’église de Bonnay; voir plus de détails sur le site de Bonnay
    – les sœurs Bonnardel ont fondé un couvent dominicain à Bonnay, aujourd’hui Villa Ste Agnès; voir sur le site de Bonnay
    – Hippolyte Bonnardel sculpteur, lauréat du prix de Rome, est l’auteur de la Pietà de l’église de Bonnay; il s’agit du ‘modello’ ( la maquette originale, en plâtre) d’une œuvre réalisée en marbre et conservée en l’église Saint-Germain l’Auxerrois à Paris. Pour plus de détail sur Hippolyte Bonnardel, consulter ce document : Hippolyte Bonnardel – sculpteur .
    pieta
  • La famille Perras, propriétaire à partir de 1872, a fait réaliser d’importantes transformations :
    voici l’état du château en 1867 (source CECAB), avant transformation  (cliquer pour agrandir)

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et à peu près sous le même angle, après transformation, selon une carte postale

chassignoles cecab2
Pour diriger la restauration et les transformations du château, Monsieur Perras a fait appel, en 1875, à l’architecte lyonnais Louis Bresson.
L’architecte Louis Antoine Maurice Bresson, qui avait restauré le château de Bresse-sur-Grosne en 1857, a également réalisé, de 1883 à 1886, l’église Sainte-Marie de Bonnay, et fut l’un des collaborateurs de Pierre Bossan, l’architecte de la basilique de Fourvière.
(source : Gallica – Léon Charvet, Lyon artistique. Architectes : notices biographiques et bibliographiques avec une table des édifices et la liste chronologique des noms, 1899. Bernoux et Cumin, éditeurs)
)

– Jean Baptiste Benoît Perras (1844-1918) avait épousé Marie Daumas (la fille du général Daumas), qui décéda en 1878, à 27 ans, laissant 4 orphelins : Marguerite Marie, Maurice, Jeanne et Louise Marie. En mémoire de sa femme Marie, M Perras offrit un vitrail à l’église de Bonnay, où sont représentés les orphelins entourant la vierge Marie :

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Un château à Besseuil ?

Légende ou réalité ? On ne voit que quelques amas de pierres,  des restants de murs enfouis sous la végétation, un puits… Mais il y a quelques indices :

Jusqu’en 1823, sur le cadastre, on pouvait voir une construction carrée (peut-être une tour…) sur le pré nommé ‘pré de la Tour‘ .
D’autre part, dans le livre de Marthe Dubois ‘Bonnay en Mâconnais, un village qui a1000 ans‘, on trouve un plan ‘ancien’ (dont il faudrait retrouver et authentifier l’origine) avec mention d’un château de Besseuil (cliquer pour voir les détails )

cadastre Besseuil 1823    plan ancien

Enfin, sur cette carte de Sanson d’Abbeville de 1659, on distingue bien 2 châteaux,  ‘Beseul’ et ‘Chastignoles’ , à côté d ‘Aynard’ :

carte nicolas sanson (sanson d'abbeville) 2   Beseul et Aynard -Sanson d'Abbeville

Grâce au CECAB, nous avons découvert  l’ouvrage « De l’origine des Bourguignons et antiquité des états de Bourgogne », où Pierre de Saint-Julien de Balleure (1515-1593), né à Etrigny, historien Bourguignon de la Renaissance, nous parle des environs de Chassignoles (cliquez pour agrandir) :

Besseuil - chassignoles

« En cette seigneurie il y a deux maisons, desquels les seigneurs ont eu grands différents, pour savoir auquel le titre de seigneur de Chassignoles devrait appartenir. Ceux de Moulins sur la Reconce, du nom et armes de Busseul, sont sieurs de l’une des dites maisons et, à vrai dire, de la plus ancienne. Car celle des Petits (laquelle en son propre et ancien nom, s’appelait Oyselet) a été bâtie par Clément Petit esleu (*) de Mâcon.(…)  »
(*) esleu : élu, magistrat

Le nom de Besseuil provient probablement d’une déformation du nom de cette famille, les Busseul, de Moulins la Reconce (*), et non de l’étymologie qui signifie « la clairière des bouleaux ».

(*) Moulins la Reconce, berceau de la famille, est situé à 9km au sud de Paray le Monial

Les Busseul, ou Busseuil (ou Buxol au début du 10ème siècle, sous règne de l’empereur Othon et de Hugues Capet) étaient une famille illustre, qui s’est séparée en 2 branches au 13ème siècle ; ceux de La Reconce et ceux de Saint-Sernin.

  Besseuil - armoiries de Busseul
Dans notre cas, il s’agit de ceux de La Reconce : Jean de Besseuil avait établi un château à  Moulins-la-Reconce, à côté de Poisson, au sud de Paray-le Monial, dans le Charolais-Brionnais.

 busseuil moulins la reconce  Besseuil chateau des Busseul à Moulin la Reconce, Poisson
Jean de Besseul est désigné comme « sieur dudit Moulins, de Logières, de Chassignoles » :

  Busseul du Moulin de La Reconce

Le moulin de Besseuil

 (ne pas prononcer BESSEUIL, mais ‘BSSEU’ )
Ancien nom : ‘Busseuil’.
S
ur les cartes IGN et le cadastre, on voit une parcelle appelée « le Bois de Besseuil » située à mi-chemin entre Besseuil et Cortemblein.

Le moulin est une propriété privée, traversée par un chemin (variante du GR76), autorisé aux véhicules de moins de xxtonnes.

Plan du moulin

(source : Gérard Mignot, « Les anciens moulins à eau du canton de St Gengoux le National« )

moulin de Besseuil (actuel)

Photos anciennes et actuelles du moulin

Photos familiales, datant de l’époque du dernier meunier, la famille Carré :

la maison du meunier Carras Le pont sur le bief une automobile

Extraites des archives départementales, des photos qui datent de 1979 : sur la 1ère, on aperçoit encore l’ancienne chaussée piétonne sur le bord du gué pavé (cliquer pour agrandir).
Cette chaussée piétonne, rehaussée par rapport au gué pavé, permettait de passer au sec, à pied ou à vélo; elle a malheureusement été démontée.

Besseuil passerelle en 1979 Besseuil archives Le gué pavé archives

Voici 2 autres photos de l’ancienne chaussée piétonne en 1978, extraites des archives départementales :

Besseuil passerelle en 1978 archives dépatermentales (malay)   Besseuil passerelle en 1978 archives dépatermentales (malay) 2

Le moulin au XIème siècle

La première mention du moulin est faite dans les chartes de l’abbaye de Cluny au XIème siècle, sous l’appellation ‘moulin de Chassignolles’.
En effet, selon la charte n° 2994, le chevalier Oliverius, ayant pris l’habit de moine, fait don de ce moulin à l’abbaye de Cluny, en présence et avec l’accord de nombreux témoins. Le moulin appartenait autrefois à Dalmas de Gigny, qui à son tour donne un pré et une terre de Chassignolles qui jouxte le moulin, ainsi qu’un serf.
Pour lire la charte : donation oliverius (charte 2994)

Les autres moulins sur la Guye :
Au dos de ce document, il est écrit ‘Carta de molendinis de Cassenolis, de Ainnate, de Croset‘ c’est à dire ‘carte des moulins de Chassignolles, d’Aynard, de Crouzot’.
Il y avait de nombreux moulins le long de cette partie de la Guye : Messeugne, Besseuil, Aynard, Crouzot, Vesvre (ou Vaivre).  Certains ont été rattachés au doyenné de St-Hippolyte. Au XVIIème siècle, le moulin de Vesvre, aujourd’hui disparu, appartenait au seigneur de Besanceuil (Jean de Mincé, seigneur de Peronne, Besanceuil et Angoin) .

Les évolutions et transformations du moulin

Le moulin de Besseuil a subi différentes transformations au fil des ans :

Construction d’un gué pavé : au moyen âge et certainement encore bien plus tard, il n’y avait pas de gué permettant de traverser la Guye, puisque le seul passage obligé et péagé était le gué d’Aynard.
Le bief (canal d’alimentation en eau) : à l’époque où il y avait une roue à aube, celui-ci était  à ciel ouvert.

Au 19ème siècle, à l’époque ou M Bonnardel puis M Perras étaient propriétaires du château de Chassignolles, il y a eu d’importantes transformations des ponts, des vannes suite à des inondations constatées dans les prés voisins.
La roue à aube a été remplacée par une turbine, ou roue horizontale, du type des turbines inventée par Fourneyron vers 1870; c’est certainement à cette époque que le bief a été couvert par une construction.
La meule en pierre a été déposée au début de l’ère industrielle, à la même époque et remplacée par un cylindre ; d’où la plaque publicitaire « moulin à cylindre » apposée sur le bâtiment. On retrouve plusieurs meules dans les prés autour du moulin.
Illustration de l’évolution des moulins au XIXème siècle : évolution des moulins

Le dernier meunier s’appelait Carré; son épouse, devenu veuve très tôt, faisait tourner le moulin avec l’aide de son fils. Le moulin était en activité jusque dans les années 1960, comme moulin à farine, puis laissé à l’abandon et finalement acheté pour changer de destination.

Le Chat Botté : au début de l’année 1997, le moulin a été transformé en club privé à vocation musicale, théatrale, artistique, artisanale, etc.
En parallèle, une demande avait été déposée par les propriétaires pour transformer le moulin en micro-centrale hydroélectrique (comme le moulin voisin de Crouzot), mais ce projet n’a pas été mené à terme. Les vannes ont été remplacées en 1997 par le syndicat des eaux.
C’est aussi à cette époque que la chaussée piétonne sur le côté du gué pavé a été détruite : les propriétaires de l’époque l’ont enlevée pour faciliter l’accès d’une pelleteuse, afin de curer et remettre en service le bief, qui était complètement envasé.

A partir de 2002, suite à un changement de propriétaires, l’ancienne maison d’habitation du meunier a été réhabilitée, puis le moulin finalement transformé en résidence secondaire.

Divers : l’étang de Chassignolles, les fermes de l’étang, le Lieu-Dit

L’étang de Chassignolles dépendait du Château, il était certainement destiné à la pisciculture.
Il est cité en l’an 1236, dans la charte de Cluny n° 4702, intitulée « Joceran, seigneur de Brancion, donne à son cousin Étienne III de Berzé, abbé de Cluny, un étang neuf situé près de Saint-Hippolyte et un moulin. »
L’étang a été mis en pré dès le 17ème siècle, par un bail daté du 29/11/1669 à M. Leronde; pour cela, il a été asséché en détournant une fontaine qui était située en haut du pré.
Signalons que le lavoir dans le pré de l’étang fut le dernier à être construit à Bonnay, il date d’après guerre.

La grange du Lieu-Dit a été construite par Monsieur Perras vers 1870; c’est une des dernières granges construite en pierres dans la région. Les pierres proviendraient notamment des ruines d’une deuxième ‘Ferme de l’étang‘, qui était située juste en face de la ferme de l’étang actuelle, et que l’on voit sur le cadastre de 1823 :cadastre assemblage 1867 A l’époque de la construction, l’ère industrielle commençant, 2 énormes poutrelles métalliques avaient été commandées spécialement aux usines du Creusot, en plus de la belle charpente classique en chêne.
C’est actuellement un lieu d’exposition d’art contemporain.